Si les adultes s’adonnent à la pratique du sexto pour rompre avec la monotonie du quotidien ou pour pallier l’absence due à la distance, chez les ados, la pratique du sexto est à double tranchant.
A l’âge de l’éveil de la sexualité, l’ado est émoustillé et prêt à vivre ses premières expériences. Le premier contact n’est pas toujours facile mais quand il est établi, il faut bien tisser ce lien qui aboutira à une « histoire d’amour ». L’échange de texto permet de rester en contact mais il semblerait que parfois cela ne suffise plus pour prouver à l’autre qu’on est « dingue de lui ». Alors quoi de mieux que l’envoi d’un message ou d’une photo à connotation sexuelle pour signifier son attirance pour l’autre. Après tout, leurs stars préférées, leurs modèles, ne se gênent pas pour s’adonner à cette pratique.
Facile, rapide, explicite, le sexto semble être le meilleur moyen pour communiquer à son ou sa partenaire son attirance pour lui ou pour elle. L’ado est conscient qu’il s’agit d’une photo érotique et c’est pourquoi il n’a aucune envie que cette photo prise discrètement soit vue par d’autres. Il est amoureux et a donc confiance en la personne à qui est destinée la dite photo. L’ado ne pense pas, à un seul moment, que son sexto peut se retourner contre lui et qu’il peut être vu non seulement par son entourage mais aussi par des inconnu(e)s.
Le hic est quand la rupture pointe son nez. Alors, la solution la plus adaptée même si elle semble irrationnelle dans l’objectif de soigner son ego blessé est de diffuser sur les différents réseaux sociaux les messages et les photos de l’autre qui nous a trahis. À la différence de leurs stars préférées qui n’hésitent pas à dévoiler leur vie sexuelle pour gagner en notoriété, les ados ne sont pas conscients qu’en partageant ce genre de photos, ils ne gagneront pas en notoriété mais vont au devant de poursuites judiciaires.
Pour éviter que les ados fassent un mauvais emploi des sextos, les parents doivent leur rappeler l’importance du respect accordé à leur partenaire avant, pendant et après une relation. Respecter l’autre, c’est se respecter soi-même ! Et si pour une raison ou pour une autre la relation devait se terminer, le fait de partager les sextos sur les réseaux sociaux dans le seul but de se venger, de se moquer ou tout simplement pour s’amuser s’apparente à du harcèlement et cette attitude est condamnable.
Analyse d’Alain Héril – Psychanalyste & sexothérapeute :
« L’adolescence est une période d’ambivalence où les codes relationnels restent encore flous et où l’adolescent cherche à savoir comment communiquer et dire son désir, son amour et son désarroi. Les émotions sont là, bien réelles (et parfois envahissantes) mais les modalités pour les traduire sont encore en chantier. Le rôle des adultes est d’aider à ce qu’émotion et traduction émotionnelle s’accordent au mieux dans le respect des uns et des autres. Encore faut-il que les adultes aient pu faire ce « travail » sur eux-mêmes ! »
Source : The Huffington Post